Soit {$\mathbf {e_{1}}$,$\mathbf {e_{2}}$} une base d’un espace vectoriel $E_{2}$ et soient deux vecteurs de $E_{2}$ :
\begin{equation*}
\beq{X}=2\,\beq{e_{1}}+4\,\beq{e_{2}}\,\,\,\,;\,\,\,\,\beq{Y}=5\,\beq{e_{1}}+3\,\beq{e_{2}}
\tag{3.8.1}
\end{equation*}
\begin{equation*}
\beq{U}=11\,\beq{e_{1}}\,\otimes\,\beq{e_{1}}+8\,\beq{e_{1}}\,\otimes\,\beq{e_{2}}+20\,\beq{e_{2}}\,\otimes\,\beq{e_{1}}+12\,\beq{e_{2}}\,\otimes\,\beq{e_{2}}
\tag{3.8.2}
\end{equation*}
est-il le produit tensoriel de deux vecteurs de $E_{2}$ ?
\begin{equation*}
\beq{X}\,\otimes\,\beq{Y}=(2\,\beq{e_{1}}+4\,\beq{e_{2}})\,\otimes\,(5\,\beq{e_{1}}+3\,\beq{e_{2}})
\tag{3.8.3}
\end{equation*}
\begin{equation*}
=2\,\beq{e_{1}}\,\otimes\,5\,\beq{e_{1}}+2\,\beq{e_{1}}\,\otimes\,3\,\beq{e_{2}}+4\,\beq{e_{2}}\,\otimes\,5\,\beq{e_{1}}+4\,\beq{e_{2}}\,\otimes\,3\,\beq{e_{2}}
\tag{3.8.4}
\end{equation*}
L’associativité du produit tensoriel par rapport à la multiplication par un scalaire nous donne :
\begin{equation*}
\beq{X}\,\otimes\,\beq{Y}=10\,\beq{e_{1}}\,\otimes\,\beq{e_{1}}+6\,\beq{e_{1}}\,\otimes\,\beq{e_{2}}+20\,\beq{e_{2}}\,\otimes\,\beq{e_{1}}+12\,\beq{e_{2}}\,\otimes\,\beq{e_{2}}
\tag{3.8.5}
\end{equation*}
\begin{equation*}
\beq{U}=11\,\beq{e_{1}}\,\otimes\,\beq{e_{1}}+8\,\beq{e_{1}}\,\otimes\,\beq{e_{2}}+20\,\beq{e_{2}}\,\otimes\,\beq{e_{1}}+12\,\beq{e_{2}}\,\otimes\,\beq{e_{2}}
\tag{3.8.6}
\end{equation*}
Développons cette expression et identifions au tenseur $\mathbf {U}$ donné ; il vient pour les composantes :
\begin{equation*}
x^{1}\,y^{1}=11\,\,\,\,;\,\,\,\,x^{1}\,y^{2}=8\,\,\,\,;\,\,\,\,x^{2}\,y^{1}=20\,\,\,\,;\,\,\,\,x^{2}\,y^{2}=12
\tag{3.8.7}
\end{equation*}
Le rapport entre les composantes nous donne : $\dfrac {y^{1}}{y^{2}}=\dfrac {11}{8}$ et $\dfrac {y^{1}}{y^{2}}=\dfrac {20}{12}$
Ces valeurs étant différentes, le tenseur $\mathbf {U}$ ne peut pas être le produit tensoriel de deux vecteurs.
Si l’on cherche $\mathbf {W}$ sous forme d’un produit tensoriel, $\beq {W}=v^{i}\,u^{j}\,\beq {e_{i}}\,\otimes \,\beq {e_{j}}$, on obtient par identification :
\begin{equation*}
v^{1}\,u^{1}=1\,\,\,\,;\,\,\,\,v^{1}\,u^{2}=2\,\,\,\,;\,\,\,\,v^{2}\,u^{1}=0\,\,\,\,;\,\,\,\,v^{2}\,u^{2}=0
\tag{3.8.8}
\end{equation*}
Puisque $u^{1}$ et $u^{2}$ ne peuvent être nuls, selon les premières égalités, on a $v^{2}$=0. Il reste deux équations pour trois inconnues, d’où une certaine indétermination. Prenons $v^{1}=1$, d’où $u^{1}=1$ et $u^{2}=2$ ; on obtient ainsi le produit tensoriel :
\begin{equation*}
\beq{W}=\beq{e_{1}}\,\otimes\,(\beq{e_{1}}+2\,\beq{e_{2}})
\tag{3.8.9}
\end{equation*}
Les composantes mixtes $t^{i}_{jk}$ d’un tenseur $\mathbf {T}$, appartenant à l’espace produit tensoriel $E^{(3)}_{2}$, sont les suivantes :
\begin{equation*}
t^{1}_{11}=0\,\,,\,\,t^{1}_{12}=2\,\,,\,\,t^{1}_{21}=-1\,\,,\,\,t^{1}_{22}=3\,\,,\,\,t^{2}_{11}=1\,\,,\,\,t^{2}_{12}=-1\,\,,\,\,t^{2}_{21}=0\,\,,\,\,t^{2}_{22}=-2
\tag{3.8.10}
\end{equation*}
\begin{equation*}
[g_{ij}]=\begin{bmatrix}
g_{11}&g_{12} \\
g_{21}&g_{22}
\end{bmatrix}=\begin{bmatrix}
2&-3 \\
-3&1
\end{bmatrix}
\tag{3.8.11}
\end{equation*}
Déterminer les composantes covariantes $t_{ijk}$ du tenseur $\mathbf {T}$.
\begin{equation*}
u_{1}=t^{1}_{11}+t^{2}_{21}=0\,\,\,\,;\,\,\,\,u_{2}=t^{1}_{12}+t^{2}_{22}=0
\tag{3.8.12}
\end{equation*}
Le tenseur $\mathbf {U}$ de composantes $u_{k}$ est le vecteur nul : $\beq {U}=\beq {0}$.
\begin{equation*}
t_{111}=g_{11}\,t^{1}_{11}+g_{21}\,t^{2}_{11}=-3\,\,\,\,;\,\,\,\,t_{112}=7\,\,\,\,;\,\,\,\,t_{121}=-2\,\,\,\,;\,\,\,\,t_{122}=12\,\,\,\,;\,\,\,\,t_{211}=1
\tag{3.8.13}
\end{equation*}
\begin{equation*}
t_{212}=-7\,\,\,\,;\,\,\,\,t_{221}=3\,\,\,\,;\,\,\,\,t_{222}=-11
\tag{3.8.14}
\end{equation*}
\begin{equation*}
g_{ik}\,g^{kj}=\delta_{ij}\,\,\,\,\text{avec}\,\,\,\,g^{ij}=g^{ji}
\tag{3.8.15}
\end{equation*}
On obtient trois équations qui nous donnent :
\begin{equation*}
g^{11}=-\dfrac{1}{7}\,\,\,;\,\,\,g^{21}=g^{12}=-\dfrac{3}{7}\,\,\,;\,\,\,g^{22}=-\dfrac{2}{7}
\tag{3.8.16}
\end{equation*}
\begin{equation*}
t^{ij}_{k}=g^{lj}\,t^{i}_{lk}
\tag{3.8.17}
\end{equation*}
d’où :
\begin{equation*}
t^{11}_{1}=g^{11}\,t^{1}_{11}+g^{21}\,t^{1}_{21}=\dfrac{3}{7}\,\,\,\,;\,\,\,\,t^{11}_{2}=-\dfrac{11}{7}\,\,\,\,;\,\,\,\,t^{12}_{1}=\dfrac{2}{7}\,\,\,;\text{etc}.
\tag{3.8.18}
\end{equation*}
En utilisant le critère général de tensorialité, montrer que, pour $i,j=1$ à $n$ :
\begin{equation*}
g_{ij}\,v^{k}\,\,\,\,;\,\,\,\,i,j,k=1,...,n
\tag{3.8.19}
\end{equation*}
La contraction sur les indices $j$ et $k$ nous donne l’expression des composantes covariantes du tenseur $\mathbf {V}$, soit :
\begin{equation*}
g_{ij}\,v^{j}=v_{i}
\tag{3.8.20}
\end{equation*}
On obtient ainsi un tenseur d’ordre un et, selon le critère général de tensorialité, les $g_{ij}$sont donc les composantes covariantes d’un tenseur d’ordre deux.
La contraction sur les indices $j$ et $k$ donne les $n$ quantités :
\begin{equation*}
\delta_{i}^{j}\,v_{j}=v_{i}
\tag{3.8.21}
\end{equation*}
Les quantités $v_{i}$ étant les composantes covariantes d’un tenseur d’ordre un, les quantités $\delta _{i}^{j}$ sont, selon le critère général de tensorialité, les composantes mixtes d’un tenseur d’ordre deux.
Notons $h_{i}$ $i=1,2,3$, les quantités de chaleur qui traversent l’unité d’aire d’un matériau durant l’unité de temps, dans des directions respectivement normales aux axes $0x_{i}$. Cette chaleur s’écoule sous l’influence d’un gradient de température $T$. Les quatités $h_{i}$ forment les composantes d’un vecteur noté $\mathbf {h}$. Dans un matériau anisotrope, la conduction thermique obéit à la loi de Fourier :
\begin{equation}
h_{i}=-k_{ij}\,\dfrac{\partial\,T}{\partial\,x_{j}}
\tag{3.8.22}
\label{3.8.22}
\end{equation}
\begin{equation}
\text{div}\,\beq{h}=0
\tag{3.8.23}
\label{3.8.23}
\end{equation}
Déterminer l’équation donnant la distribution des températures $T(x,y,z)$ à l’intérieur d’un matériau anisotrope. On supposera que les coefficients $k_{ij}$ sont des constantes.
\begin{equation}
(k_{1}\,k_{2}\,k_{3})^{1/3}\,\Delta\,T=0
\tag{3.8.24}
\label{3.8.24}
\end{equation}
où les $k_{i}$ sont les composantes non nulles du tenseur dans son système d’axes principaux.
\begin{equation}
\dfrac{\partial\,h_{i}}{\partial\,x_{i}}=0
\tag{3.8.25}
\label{3.8.25}
\end{equation}
\begin{equation}
\dfrac{\partial}{\partial\,x_{i}}\bigg(-k_{ij}\,\dfrac{\partial\,T}{\partial\,x_{j}}\bigg)=0
\tag{3.8.26}
\label{3.8.26}
\end{equation}
C’est l’équation des distributions des température en régime stationnaire. En général, les $k_{ij}$ varient très faiblement dans un intervalle de température relativement important et on peut alors écrire l’équation (3.8.26) sous la forme :
\begin{equation}
k_{ij}\,\dfrac{\partial^{2}\,T}{\partial\,x_{i}\,\partial\,x_{j}}=0
\tag{3.8.27}
\label{3.8.27}
\end{equation}
\begin{equation}
k_{1}\,\dfrac{\partial^{2}\,T}{\partial\,x_{1}^{2}}+k_{2}\,\dfrac{\partial^{2}\,T}{\partial\,x_{2}^{2}}+k_{3}\,\dfrac{\partial^{2}\,T}{\partial\,x_{3}^{2}}=0
\tag{3.8.28}
\label{3.8.28}
\end{equation}
\begin{equation}
x_{1}=\dfrac{k_{1}^{1/2}}{(k_{1}\,k_{2}\,k_{3})^{1/6}}\,X_{1}\,\,;\,\,x_{2}=\dfrac{k_{2}^{1/2}}{(k_{1}\,k_{2}\,k_{3})^{1/6}}\,X_{2}\,\,;\,\,x_{3}=\dfrac{k_{3}^{1/2}}{(k_{1}\,k_{2}\,k_{3})^{1/6}}\,X_{3}
\tag{3.8.29}
\label{3.8.29}
\end{equation}
transforme l’équation (3.8.28) sous la forme :
\begin{equation}
(k_{1}\,k_{2}\,k_{3})^{1/3}\,\bigg(\dfrac{\partial^{2}\,T}{\partial\,X_{1}^{2}}+\dfrac{\partial^{2}\,T}{\partial\,X_{2}^{2}}+\dfrac{\partial^{2}\,T}{\partial\,X_{3}^{2}}\bigg)=0
\tag{3.8.30}
\label{3.8.30}
\end{equation}
On obtient une équation de Laplace correspondant à un écoulement dans un milieu isotrope de conductivité $(k_{1}\,k_{2}\,k_{3})^{1/3}$. On peut ainsi résoudre plus aisément l’équation (3.8.28) et obtenir ensuite la distribution des températures dans un milieu anisotrope.
Soit $T_{ik}$ un tenseur du second ordre. On se propose de trouver tous les vecteurs $\mathbf {A}$, de composantes $A_{k}\,\,\,k=1,2,3$, qui ne changent pas d’orientation lorsqu’on effectue leur produit contracté avec le tenseur $T_{ik}$, c’est-à-dire tous les vecteurs tels que :
\begin{equation}
T_{ik}\,A_{k}=\lambda\,A_{i}
\tag{3.8.31}
\label{3.8.31}
\end{equation}
où $\lambda $ est un scalaire quelconque. De tels vecteurs, s’ils existent, sont appelés les vecteurs
propres du tenseur et leurs directions sont les directions principales de $T_{ik}$. Les valeurs de $\lambda $
pour lesquelles l’équation (3.8.31) a des solutions s’appellent les valeurs propres du
tenseur ; ce sont les valeurs des composantes $T_{ik}$ dans le système de coordonnées déterminé
par les directions principales.
A titre d’exercice, nous allons déterminer les vecteurs et valeurs propres d’un tenseur $T_{ik}$ pour un système physique à deux dimensions. C’est le cas, par exemple, du tenseur d’inertie d’une ou plusieurs particules se mouvant dans un plan. Le tenseur possède ainsi quatre composantes :
\begin{equation}
T_{11}\,T_{12}\,T_{21}\,T_{22}
\tag{3.8.32}
\label{3.8.32}
\end{equation}
Supposons de plus que le tenseur soit symétrique : $T_{12}=T_{21}$, afin de simpifier les
calculs.
\begin{equation}
T’_{11}\,(x’_{1})^{2}+T’_{22}\,(x’_{2})^{2}=1
\tag{3.8.33}
\label{3.8.33}
\end{equation}
dans un système de coordonnées $x'_{1}$, $x'_{2}$, correspondant aux axes principaux.
\begin{equation*}
T_{11}\,A_{1}+T_{12}\,A_{2}=\lambda\,A_{1}
\tag{3.8.34}
\end{equation*}
\begin{equation}
T_{21}\,A_{1}+T_{22}\,A_{2}=\lambda\,A_{2}
\tag{3.8.35}
\label{3.8.35}
\end{equation}
\begin{equation}
\left| \begin{array}{cc}
T_{11}-\lambda & T_{12} \\
\\
T_{12} & T_{22}-\lambda \\
\end{array} \right | =0
\tag{3.8.36}
\label{3.8.36}
\end{equation}
Le développement du déterminant conduit à l’équation :
\begin{equation}
\lambda^{2}-\lambda\,(T_{11}-T_{22})+(T_{11}\,T_{22}-T_{12}^{2})=0
\tag{3.8.37}
\label{3.8.37}
\end{equation}
dont les solutions sont les suivantes :
\begin{equation}
\lambda\,\pm\,=\dfrac{T_{11}+T_{22}}{2}\,\pm\,\sqrt{\bigg(\dfrac{T_{11}-T_{22}}{2}\bigg)^{2}+T_{12}^{2}}
\tag{3.8.38}
\label{3.8.38}
\end{equation}
Les valeurs $\lambda _{+}$ et $\lambda _{-}$ sont les valeurs propres du tenseur.
\begin{align}
\tag{3.8.39}
\label{3.8.39}
\text{tan}\,\varphi_{1} &= \dfrac{A_{2}^{(1)}}{A_{1}^{(1)}} = \dfrac{\lambda_{1}-T_{11}}{T_{12}} = \dfrac{T_{12}}{\lambda_{1}-T_{22}} \\
\tag{3.8.40}
\label{3.8.40}
\text{tan}\,\varphi_{2} &= \dfrac{A_{2}^{(2)}}{A_{1}^{(2)}} = \dfrac{\lambda_{2}-T_{11}}{T_{12}} = \dfrac{T_{12}}{\lambda_{2}-T_{22}}
\end{align}
Les angles $\varphi _{1}$ et $\varphi _{2}$ sont respectivement les angles entre l’axe $Ox_{1}$ et les axes principaux du tenseur $T_{ik}$.
\begin{equation}
\text{tan}\,2\,\varphi_{1}=\dfrac{2\,\text{tan}\,\varphi_{1}}{1-\text{tan}^{2}\,\varphi_{1}}=\dfrac{2\,T_{12}}{T_{11}-T_{22}}=\text{tan}\,2\,\varphi_{2}
\tag{3.8.41}
\label{3.8.41}
\end{equation}
En conséquence :
\begin{equation}
\varphi_{1}=\varphi_{2}+\dfrac{\pi}{2}
\tag{3.8.42}
\label{3.8.42}
\end{equation}
Les axes principaux sont orthogonaux entre eux.
\begin{equation}
A’^{(1)}_{1}\,\neq\,0\,\,\,\,;\,\,\,\,A’^{(1)}_{2}=0\,\,\,\,;\,\,\,\,A’^{(2)}_{1}=0\,\,\,\,;\,\,\,\,A’^{(2)}_{2}\,\neq\,0
\tag{3.8.43}
\label{3.8.43}
\end{equation}
\begin{equation}
T’_{11}\,A’^{(1)}_{1}=\lambda_{1}\,A’^{(1)}_{1}\,\,\,\,;\,\,\,\,T’_{21}\,A’^{(1)}_{1}=\lambda_{1}\,A’^{(1)}_{2}=0
\tag{3.8.44}
\label{3.8.44}
\end{equation}
d’où :
\begin{equation}
T’_{11}=\lambda_{1}\,\,\,\,;\,\,\,\,T’_{21}=0
\tag{3.8.45}
\label{3.8.45}
\end{equation}
Pour $\lambda =\lambda _{2}$, on obtient :
\begin{equation}
T’_{12}\,A’^{(2)}_{2}=\lambda_{2}\,A’^{(2)}_{1}\,\,\,\,;\,\,\,\,T’_{22}\,A’^{(2)}_{2}=\lambda_{2}\,A’^{(2)}_{2}
\tag{3.8.46}
\label{3.8.46}
\end{equation}
d’où :
\begin{equation}
T’_{12}=0\,\,\,\,;\,\,\,\,T’_{22}=\lambda_{2}
\tag{3.8.47}
\label{3.8.47}
\end{equation}
Dans son sytème d’axes principaux, le tenseur $T_{ik}$ a pour représentation matricielle :
\begin{equation*}
[T’_{ik}]=\begin{bmatrix}
T’_{11}&0 \\
0&T’_{22}
\end{bmatrix}=\begin{bmatrix}
\lambda_{1}&0 \\
0&\lambda_{2}
\end{bmatrix}
\tag{3.8.48}
\label{3.8.48}
\end{equation*}
\begin{equation}
\lambda_{1}\,(x’_{1})^{2}+\lambda_{2}\,(x’_{2})^{2}=1
\tag{3.8.49}
\label{3.8.49}
\end{equation}
soit encore :
\begin{equation}
\dfrac{(x’_{1})^{2}}{1/\lambda_{1}}+\dfrac{(x’_{2})^{2}}{1/\lambda_{2}}=1
\tag{3.8.50}
\label{3.8.50}
\end{equation}
C’est l’équation d’une ellipse dont les demi-axes ont pour longueur $1/\sqrt {\lambda _{1}}$ et $1/\sqrt {\lambda _{2}}$. C’est l’ellipse représentative du tenseur $T_{ik}$.
\begin{equation}
C_{1}=T_{11}+T_{22}\,\,\,\,;\,\,\,\,C_{2}=T_{11}\,T_{22}-T_{12}^{2}
\tag{3.8.51}
\label{3.8.51}
\end{equation}
sont donc des invariants du tenseur $T_{ik}$.
\begin{equation}
S=\pi\,a\,b
\tag{3.8.52}
\label{3.8.52}
\end{equation}
Dans le cas présent, on a : $a=1/\sqrt {\lambda _{1}}$, $b=1/\sqrt {\lambda _{2}}$, d’où :
\begin{equation}
S=\pi\,\sqrt{\dfrac{1}{\lambda_{1}\,\lambda_{2}}}=\pi\,\sqrt{\dfrac{1}{C_{2}}}
\tag{3.8.53}
\label{3.8.53}
\end{equation}
Ainsi l’invariance de $C_{2}$ exprime le fait que la surface de l’ellipse représentative du
tenseur est constante dans tous les systèmes de coordonnées.
Remarque : Dans le cas d’un tenseur d’ordre deux d’un espace à trois dimensions, on obtient un ellipsoïde de représentation du tenseur (voir exercice 2.6).
La construction suivante, due à Otto Mohr (1835-1918), est utile pour l’étude des tenseurs symétriques de rang deux. Elle est employée, par exemple, par les ingénieurs dans l’analyse des déformations et des contraintes.
\begin{equation}
\text{cos}\,2\,\alpha=2\,\text{cos}^{2}\,\alpha-1=1-2\,\text{sin}^{2}\,\alpha\,\,\,\,;\,\,\,\,\text{sin}\,2\,\alpha=2\,\text{sin}\,\alpha\,\text{cos}\,\alpha
\tag{3.8.54}
\label{3.8.54}
\end{equation}
\begin{equation}
\begin{bmatrix}
S_{11}&0&S_{31} \\
0&S_{22}&S_{23} \\
S_{31}&S_{23}&S_{33}
\end{bmatrix}
\tag{3.8.55}
\label{3.8.55}
\end{equation}
Déterminer les composantes $S'_{ij}$ du tenseur après une rotation d’un angle $\alpha $ autour de l’axe $Ox_{3}$. Montrer que la construction du cercle de Mohr s’applique également dans ce cas.
\begin{equation}
\begin{bmatrix}
\text{cos}\,\alpha&\text{sin}\,\alpha&0 \\
-\text{sin}\,\alpha&\text{cos}\,\alpha&0 \\
0&0&1
\end{bmatrix}
\tag{3.8.56}
\label{3.8.56}
\end{equation}
\begin{equation}
S’_{kl}=A’^{k}_{i}\,A’^{l}_{j}\,S_{ij}
\tag{3.8.57}
\label{3.8.57}
\end{equation}
Les référentiels étant orthogonaux, les composantes contravariantes et covariantes sont identiques. La matrice de passage (3.8.56) donne pour expression des nouvelles composantes :
\begin{align}
S’_{11} &= A’^{1}_{1}\,A’^{1}_{1}\,S_{11}+A’^{1}_{2}\,A’^{1}_{2}\,S_{22} = S_{1}\,\text{cos}^{2}\,\alpha+S_{2}\,\text{sin}^{2}\,\alpha\\
S’_{22} &= S_{1}\,\text{sin}^{2}\,\alpha+S_{2}\,\text{cos}^{2}\,\alpha\\
S’_{12} &= S’_{21} = (-S_{1}+S_{2})\,\text{sin}\,\alpha\,\text{cos}\,\alpha\\
S’_{33} &= S_{3}
\tag{3.8.58}
\label{3.8.58}
\end{align}
Les autres composantes $S'_{ij}$ du tenseur sont nulles. Le tenseur transformé a donc pour matrice :
\begin{equation}
\begin{bmatrix}
S’_{11}&S’_{12}&0 \\
S’_{12}&S’_{22}&0 \\
0&0&S_{3}
\end{bmatrix}
\tag{3.8.59}
\label{3.8.59}
\end{equation}
\begin{equation*}
S’_{11}=\dfrac{1}{2}(S_{1}+S_{2})-(S_{2}-S_{1})\,\text{cos}\,2\,\alpha
\tag{3.8.60}
\end{equation*}
\begin{equation*}
S’_{22}=\dfrac{1}{2}(S_{1}+S_{2})+(S_{2}-S_{1})\,\text{cos}\,2\,\alpha
\tag{3.8.61}
\end{equation*}
\begin{equation}
S’_{12}=\dfrac{1}{2}(S_{2}-S_{1})\,\text{sin}\,2\,\alpha
\tag{3.8.62}
\label{3.8.62}
\end{equation}
On trace le diamètre $TCR$, tel que $CR$ fasse avec $CQ$ un angle $2\,\alpha $ mesuré dans le sens inverse des
aiguilles d’une montre. Puisque $OC=(1/2)(S_{1}+S_{2})$ et que $CR=(1/2)(S_{2}-S_{1})$, les équations (3.8.62) montrent que les
coordonnées du point $R$, par rapport aux axes du graphique, sont égaux à $S'_{22}$ et $S'_{12}$.
D’autre part, le point $T$ a pour abscisse $S'_{11}$. Le cercle de Mohr montre ainsi
comment les composantes $S'_{11}$, $S'_{22}$ et $S'_{12}$ varient lors d’une rotation des axes de
référence.
La construction du cercle de Mohr reste évidemment valable lorsque $S_{1}$ et $S_{2}$ sont négatifs ou s’ils sont de signes opposés.
\begin{equation}
R=(S’_{22},S’_{12})\,\,\,\,;\,\,\,\,T=(S’_{11},-S’_{12})
\tag{3.8.64}
\label{3.8.64}
\end{equation}
Les points $R$ et $T$ permettent de déterminer le centre du cercle et son diamètre. Le tracé du cercle donne les points d’intersection $P$ et $Q$ avec l’axe des abscisses, ces points donnant les valeurs $S_{1}$ et $S_{2}$ des composantes principales du tenseur. D’autre part, l’angle $\alpha $ est donné par :
\begin{equation}
\text{tan}\,2\,\alpha=\dfrac{2\,S’_{12}}{S’_{22}-S’_{11}}
\tag{3.8.65}
\label{3.8.65}
\end{equation}
\begin{equation*}
S’_{11}=S_{11}\,\text{cos}^{2}\,\alpha+S_{22}\,\text{sin}^{2}\,\alpha\,\,\,\,;\,\,\,\,S’_{22}=S_{11}\,\text{sin}^{2}\,\alpha+S_{22}\,\text{cos}^{2}\,\alpha
\tag{3.8.66}
\end{equation*}
\begin{equation*}
S’_{12}=S’_{21}=(-S_{11}+S_{22})\,\text{sin}\,\alpha\,\text{cos}\,\alpha\,\,\,\,;\,\,\,\,S’_{33}=S_{33}
\tag{3.8.67}
\end{equation*}
\begin{equation}
S’_{23}=-S_{13}\,\text{sin}\,\alpha+S_{23}\,\text{cos}\,\alpha\,\,\,\,;\,\,\,\,S’_{31}=S_{13}\,\text{cos}\,\alpha+S_{23}\,\text{sin}\,\alpha
\tag{3.8.68}
\label{3.8.68}
\end{equation}
En ce qui concerne tout au moins $S'_{11}$, $S'_{22}$, $S'_{12}$, on obtient les mêmes formules qu’en (3.8.58) et la construction du cercle de Mohr s’applique également.
Soient deux opérateurs linéaires $A$ et $B$ agissant respectivement sur les vecteurs des espaces vectoriels $\varepsilon _{p}$ et $\varepsilon _{q}$. On note $\Psi $ les vecteurs de $\varepsilon _{p}$ et $\Phi $ ceux de $\varepsilon _{q}$ ; l’espace produit tensoriel de $\varepsilon _{p}$ et $\varepsilon _{q}$ est noté $\varepsilon _{pq}$=$\varepsilon _{p}$$\,\otimes \,$$\varepsilon _{q}$. Par définition, l’opérateur noté :
\begin{equation}
A\,\otimes\,B=C
\tag{3.8.69}
\label{3.8.69}
\end{equation}
est l’opérateur qui, agissant sur un vecteur $\Psi \,\otimes \,\Phi $ de l’espace $\varepsilon _{pq}$, donne le vecteur :
\begin{equation}
C\,(\Psi\,\otimes\,\Phi)=(A\,\otimes\,B)\,(\Psi\,\otimes\,\Phi)=A\,\Psi\,\otimes\,B\,\Phi
\tag{3.8.70}
\label{3.8.70}
\end{equation}
L’opérateur $A\,\otimes \,B$ est appelé le produit tensoriel des opérateurs $A$ et $B$.
\begin{equation}
A_{1}\,A_{2}\,\otimes\,B_{1}\,B_{2}=(A_{1}\,\otimes\,B_{1})\,(A_{2}\,\otimes\,B_{2})
\tag{3.8.71}
\label{3.8.71}
\end{equation}
\begin{equation}
A\,\Psi=\alpha\,\Psi
\tag{3.8.72}
\label{3.8.72}
\end{equation}
où $\alpha $ est un nombre appelé valeur propre associée à $\Psi $. De même, on considère un vecteur $\Phi $ qui est vecteur propre de l’opérateur $B$ agissant dans $\varepsilon _{q}$, associè à la valeur propre $\beta $. Montrer que les vecteurs $\Psi \,\otimes \,\Phi $ sont des vecteurs propres des opérateurs $A\,\otimes \,\dsone _{q}$ et $\dsone _{p}\,\otimes \,B$, où $\dsone _{q}$ et $\dsone _{p}$ sont des opérateurs unité agissant respectivement dans $\varepsilon _{p}$ et $\varepsilon _{q}$. Déterminer les valeurs propres respectives de ces opérateurs.
\begin{equation}
A\,\Psi_{i}=\sum_{k}\,a_{ki}\,\Psi_{k}\,\,\,\,;\,\,\,\,B\,\Phi_{j}=\sum_{l}\,b_{lj}\,\Phi_{l}
\tag{3.8.73}
\label{3.8.73}
\end{equation}
Déterminer les éléments matriciels de l’opérateur $A\,\otimes \,B$.
\begin{equation}
(A_{1}\,A_{2}\,\otimes\,B_{1}\,B_{2})=[A_{1}\,(A_{2}\,\Psi)]\,\otimes\,[B_{1}\,(B_{2}\,\Phi)]
\tag{3.8.74}
\label{3.8.74}
\end{equation}
Utilisant la définition (3.8.70) en sens inverse, on obtient :
\begin{equation}
[A_{1}\,(A_{2}\,\Psi)]\,\otimes\,[B_{1}\,(B_{2}\,\Phi)]=(A_{1}\,\otimes\,B_{1})\,(A_{2}\,\Psi\,\otimes\,B_{2}\,\Phi)
\tag{3.8.75}
\end{equation}
\begin{equation}
=(A_{1}\,\otimes\,B_{1})\,(A_{2}\,\otimes\,B_{2})\,(\Psi\,\otimes\,\Phi)
\tag{3.8.76}
\label{3.8.76}
\end{equation}
Les vecteurs $\Psi $ et $\Phi $ étant quelconques, les relations (3.8.74) et (3.8.76) donnent :
\begin{equation}
(A_{1}\,A_{2}\,\otimes\,B_{1}\,B_{2})=(A_{1}\,\otimes\,B_{1})\,(A_{2}\,\otimes\,B_{2})
\tag{3.8.77}
\label{3.8.77}
\end{equation}
\begin{equation}
(A\,\otimes\,B)\,(A^{-1}\,\otimes\,B^{-1})=(A\,A^{-1})\,\otimes\,(B\,B^{-1})=\dsone_{p}\,\otimes\,\dsone_{q}
\tag{3.8.78}
\label{3.8.78}
\end{equation}
Selon la définition (3.8.70), on obtient :
\begin{equation}
(\dsone_{p}\,\otimes\,\dsone_{q})\,(\Psi\,\otimes\,\Phi)=\dsone_{p}\,\Psi\,\otimes\,\dsone_{q}\,\Phi=\Psi\,\otimes\,\Phi
\tag{3.8.79}
\label{3.8.79}
\end{equation}
L’opérateur $\dsone _{p}\,\otimes \,\dsone _{q}$ est donc l’opérateur unité agissant dans $\varepsilon _{p}$$\,\otimes \,$$\varepsilon _{q}$, d’où :
\begin{equation}
(A\,\otimes\,B)\,(A^{-1}\,\otimes\,B^{-1})=\dsone_{pq}
\tag{3.8.80}
\label{3.8.80}
\end{equation}
En conséquence, l’opérateur $(A^{-1}\,\otimes \,B^{-1})$ est l’opérateur inverse de $A\,\otimes \,B$ :
\begin{equation}
(A\,\otimes\,B)^{-1}=A^{-1}\,\otimes\,B^{-1}
\tag{3.8.81}
\label{3.8.81}
\end{equation}
\begin{equation}
(A\,\otimes\,\dsone_{q})\,(\Psi\,\otimes\,\Phi)=A\,\Psi\,\otimes\,\dsone_{q}\,\Phi=(\alpha\,\Psi)\,\otimes\,\Phi=\alpha\,(\Psi\,\otimes\,\Phi)
\tag{3.8.82}
\label{3.8.82}
\end{equation}
Les vecteurs $\Psi \,\otimes \,\Phi $ de $\varepsilon _{p}$$\,\otimes \,$$\varepsilon _{q}$ sont des vecteurs de $(A\,\otimes \,\dsone _{q})$ associés à la valeur propre $\alpha $. Une démonstration analogue montre que les vecteurs $\Psi \,\otimes \,\Phi $ sont des vecteurs propres de $\dsone _{p}\,\otimes \,B$ associés à la valeur propre $\beta $.
\begin{equation}
(A\,\otimes\,\dsone_{q})^{2}\,(\Psi\,\otimes\,\Phi)=(A\,\otimes\,\dsone_{q})\,\alpha(\Phi\,\otimes\,\Psi)=\alpha^{2}\,(\Psi\,\otimes\,\Phi)
\tag{3.8.83}
\label{3.8.83}
\end{equation}
Les vecteurs $\Psi \,\otimes \,\Phi $ sont des vecteurs propres de l’opérateur $(A\,\otimes \,\dsone _{q})^{2}$ associés à la valeur propre $\alpha ^{2}$. On montre de même que les vecteurs $\Psi \,\otimes \,\Phi $ sont également des vecteurs propres de l’opérateur $(\dsone _{p}\,\otimes \,B)^{2}$ associés à la valeur propre $\beta ^{2}$.
\begin{equation*}
A\,\otimes\,B\,(\Psi_{i}\,\otimes\,\Phi_{j})=(A\,\Psi_{i})\,\otimes\,(B\,\Phi_{j})
\tag{3.8.84}
\end{equation*}
\begin{equation*}
=\bigg(\sum_{k}\,a_{ki}\,\Psi_{k}\bigg)\,\otimes\,\bigg(\sum_{l}\,a_{lj}\,\Psi_{l}\bigg)
\tag{3.8.85}
\end{equation*}
\begin{equation}
=\sum_{kl}\,(a_{ki}\,b_{lj})\,(\Psi_{k}\,\otimes\,\Phi_{l})
\tag{3.8.86}
\label{3.8.86}
\end{equation}